Le lieu où Georges Hellinghausen* nous accueille, est un petit musée entièrement dédié à la Consolatrice. La tendresse que porte l’historien ecclésiastique à son sujet est sensible, les objets rassemblés au fil des années, en attestent : gravures, tableaux, statues, vitraux… qui datent du 17^ème à nos jours. La clef de voute de cet ensemble sera bientôt accessible à tous : un livre intitulé „ Klagt in Leid…“ 400 Jahre Wallfahrt zu U. L. Frau von Luxembourg, Trösterin der Betrübten. Près de 380 pages illustrées d’une quarantaine d’illustrations. « Il s’agit d’un ouvrage historique, insiste Georges Hellinghausen, mais nous avons voulu reproduire certains documents qui marquent particulièrement l’histoire du pèlerinage ». On retrouve ainsi la photo de Jean-Paul II devant l’autel votif, celle de la grande-duchesse Marie-Adélaïde dans la procession de clôture ou encore l’ordre de la Toison d’or offert à la statue.

Mais l’essentiel réside dans le texte, soutenu par une démarche scientifique rigoureuse : recueil et analyse de sources, intégration de l’abondante littérature existante, citations nombreuses. L’historien n’invente rien, il s’appuie sur des documents dont il évalue la solidité avant de les prendre, ou non, en considération. Le « fonds » constitué par Georges Hellinghausen est une mine qui nécessitait étude et mise en forme. « Ce livre a été le fil rouge de mon travail pendant plusieurs années, nous a-t-il expliqué. J’ai regroupé au cours de ma carrière tous les témoignages écrits, artistiques etc. possibles au sujet du pèlerinage à la Consolatrice. J’ai repris méthodiquement toute cette matière, et quelques articles que j’avais déjà écrit, pour construire cette étude. » Le résultat est une somme telle qu’il n’en existait plus, le dernier travail d’ampleur ayant été publié en 1948.

Cinq chapitres principaux proposent au lecteur une vue d’ensemble de notre pèlerinage national. « L'Octave est encore aujourd’hui au cœur du catholicisme luxembourgeois et connaître l'histoire de sa naissance, son fondement et son évolution est indispensable pour comprendre les catholiques du pays », souligne Georges Hellinghausen. Chronologiquement, de grandes périodes sont identifiables et chacune forme un chapitre. De 1624 à la Révolution française, le pèlerinage est créé et se développe. À partir de la Révolution française s’ouvrent plusieurs décennies très conflictuelles, entre autres à partir de 1830, durant les hostilités entre la Belgique et les Pays-Bas auxquelles le Luxembourg a été mêlé. À partir de 1840, sous l’impulsion de Monseigneur Jean-Théodore Laurent, deuxième vicaire apostolique du Luxembourg, l’Octave est relancée avec sa structure actuelle. Au cours de la Seconde Guerre mondiale et des années qui ont suivi, la dévotion à Marie Consolatrice est essentielle pour la population civile et pour beaucoup d’enrôlés de force. Enfin, depuis 1962, le pèlerinage subit comme l’Église les assauts de la sécularisation et de la déchristianisation mais l’Octave reste un élément central de la vie de l’Église et de la société luxembourgeoise, en particulier par sa procession de clôture.

Plusieurs digressions sous forme d’excursus complètent les cinq chapitres. Le livre répond ainsi à de nombreuses questions. Que signifie l’élection de Notre-Dame comme sainte patronne ? Qu’est-ce que l’indulgence reçue pendant l’Octave ? Que veut dire « vêtir une statue » ? etc. Toutes les dimensions, historique, religieuse, culturelle, sociétale, sont analysées et présentées au lecteur. Libre à chacun de se plonger ligne à ligne ou de piocher dans cette anthologie au gré de ses envies ou de ses questions. Nous sommes tous concernés : le livre est dédié à tous les pèlerins de l’Octave, du Luxembourg et de l’étranger.

Georges Hellinghausen présentera son livre et le dédicacera lors d’une conférence  qu’il donnera le 5 décembre prochain, à 19 heures, à la cathédrale. Une passionnante soirée en perspective !

* Georges Hellinghausen : quelques dates

12 août 1956 : naissance à Luxembourg-Ville
De 1975 à 1986 : séminaire et études à Rome et à Paris
4 juillet 1981 : ordination
1986 : docteur en histoire de l’Église et licencié en théologie
Depuis 1988 : professeur au Grand Séminaire Centre Jean XXIIIGeorges Hellinghausen est membre du conseil épiscopal, vicaire épiscopal et prévôt du chapitre cathédral.