Ils ne sont plus parmi nous, mais nous ne les oublions pas et leur vœu se perpétue chaque année. Le 13 janvier 1945, réfugiés dans une cave du presbytère pour se protéger des bombardements, l’abbé Prosper Colling et ses paroissiens ne pensaient certainement pas à l’impact qu’aurait dans le futur le vœu qu’ils s’apprêtaient à signer officiellement. Alors que la ville avait été libérée par les Américains en septembre 1944, Hitler avait lancé en décembre une contre-attaque, la bataille des Ardennes, au cours de laquelle 80% des habitations de Wiltz furent complètement ou partiellement détruites.

Alors que les habitants sont sommés d'évacuer la ville, en dernier recours, le curé propose au petit groupe de promettre d’élever un sanctuaire en l’honneur du Sacré-Cœur et de Notre-Dame de Fátima. Le samedi 20 janvier, en la fête de saint Sébastien, le vœu est renouvelé solennellement dans l’église pendant la grand-messe. Le 21 janvier, la ville est libérée pour la deuxième fois, « réponse du Ciel au vœu formulé quelques jours avant », explique l’abbé Maurice Péporté, actuel curé-modérateur. Le sanctuaire est érigé et le monument est inauguré le 13 juillet 1952.

Chaque année, la Sebastiani Fest est l’occasion pour la paroisse de se souvenir de son Histoire. Ce dimanche 26 janvier 2025, la communauté a célébré en grandes pompes le quatre-vingtième anniversaire de ce vœu qui a sauvé sa ville. Monseigneur Jean-Claude Hollerich, notre archevêque, a célébré la messe dans l’église Saints-Pierre-et-Paul en présence de nombreuses personnalités politiques et religieuses, parmi lesquelles Fikret Kalabić, imam de la mosquée Aiwl de Wiltz. Signalons aussi la présence de plus de quatre-vingts résidents de la maison des aînés de Wiltz (Servior), qui avaient tenu à faire le déplacement.

Les scouts du groupe Saint-Sébastien ont saisi l’occasion d’expliquer l’importance de leur saint patron pour Wiltz. Devant l’autel, la statue du martyr accompagné de saint Roch, pèlerin, est entouré d’un arc décoratif réalisé à partir des restes de grenades retrouvées sur place après l’offensive allemande. Un fac-similé du registre paroissial de Niederwiltz, dans lequel a été rédigé la promesse de guerre, est installé aux pieds des deux saints. Devant l’ambon un crucifix, fabriqué également en métal provenant des grenades, perpétue la mémoire des souffrances de la communauté.

« Quand l’abbé Colling et ses paroissiens ont fait ce vœu, remarque Monseigneur Hollerich, ils ne se doutaient pas de l’importance que prendrait le sanctuaire pour les Portugais du pays, quelques dizaines d’années plus tard. Cela montre l’importance de la pureté du cœur. Si nous suivons notre cœur, nous collaborons à la volonté de Dieu. » En effet, conséquence inattendue, en 1968 a eu lieu le premier pèlerinage officiel des familles des immigrés portugais, pèlerinage qui n’a cessé depuis de se développer et qui mobilise aujourd’hui près de vingt-mille fidèles. « Notre-Dame de Fatima était vraiment à l’époque le symbole de la paix, et nous en avons besoin à nouveau aujourd’hui de manière très actuelle, ajoute notre archevêque. N’ayons pas peur de vivre notre foi avec joie, même si alors beaucoup de gens ne nous aiment pas. »

Les Fraen & Mammen Wooltz ont réuni ensuite les gourmands pour une choucroute conviviale. « Cela fait vingt-cinq ans que nous avons lancé cette tradition et cette année nous servirons une centaine de couverts », se réjouissait une bénévole avant le repas.

Aujourd’hui, grâce au travail sans relâche des Œuvres paroissiales Niederwiltz, association constituée en 1951 pour réaliser et entretenir le sanctuaire, l’endroit est devenu, selon les mots du curé-doyen Martin Molitor, « un lieu de grâce et de commémoration, un lieu de réconciliation et de paix, un lieu de pèlerinage intercommunautaire ». Rendez-vous pour le pèlerinage de l’Ascension, le 29 mai prochain, pour remercier, encore et toujours, notre Mère du Ciel de sa constante protection.

_{Un grand merci à Hélène Neissen, présidente des Œuvres paroissiales Niederwiltz, pour ses explications et sa disponibilité.}

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