« Changer le monde, un cœur à la fois », telle est l’ambition affichée par l’association chrétienne Riding for the Son, littéralement, rouler pour le Fils. Née aux États-Unis en 1975, l’association a essaimé partout dans le monde. Lancée au Luxembourg il y a deux ans, elle réunit une quinzaine de motards et leurs familles. « Pour nous rappeler à tout moment notre devise, nous portons sur nous un petit cœur en bois », explique Alex, trésorier de l’association luxembourgeoise.

C’est à l’initiative de Betrand Vojetta, de la concession Harley-Davidson que samedi dernier, pour la deuxième année consécutive, l’église de Moutfort a ouvert ses portes à une soixantaine de « bikers ». Plusieurs clubs étaient représentés, reconnaissables aux écussons brodés sur le dos des blousons de cuir : Riding for the Son, Cruzados Luxembourg, Urban Bulldogs Against Kids Abuse, Les Iguanes. Un public inhabituel, accueilli très affectueusement par le plus motard des prêtres du Luxembourg, le chanoine Jean Ehret : « Je suis prêtre et en tant que prêtre je parle beaucoup de ‘communion’. Ici, nous avons une passion qui nous réunit, la moto, et aussi des responsabilités communes, sur les routes. Vous êtes les bienvenus, tels que vous êtes. Je vais bénir vos casques mais je veux aussi bénir ce qu’il y a dessous ! »

Après des chants accompagnés à l’orgue par Jean-Paul Alzin, une prière pour les absents et la lecture de l’évangile du bon samaritain, le chanoine Ehret s’est adressé à l’assemblée, attentive et respectueuse mais qui sait rire aussi, et qui ne se prend pas au sérieux. « Le texte que nous avons lu nous parle d’amour. Vous savez ce que c’est qu’être amoureux, les papillons dans l’estomac ? Jésus nous dit que l’amour ce n’est pas seulement être amoureux. L’amour c’est vouloir du bien à une personne, quoi qu’il se passe, et prendre les décisions nécessaires pour cela. L’amour c’est une question de volonté. Cela prend du temps, de l’énergie, des risques, de l’argent… Jésus sait que nous avons le potentiel d’aimer. On est grand et fort quand on sait aimer, faire la différence. Et cela demande de l’entraînement. Pour moi être croyant c’est croire en un Dieu qui m’a créé, et qui m’a donné le potentiel d’aimer. Un Dieu qui me dit que je suis fait pour aimer et que j’en suis capable. Prier c’est cela : demander à Dieu la force d’aimer et la force d’être le type qui sait faire ce qui est juste et ce qui est bon pour les autres. »

Parce que Dieu est une source de pardon, un moment de silence a suivi, recueilli, pour se repentir de tous les moments où nous n’avons pas aimé. Le chanoine Ehret a enfin d’abord béni les motards, puis leurs casques, soigneusement déposés devant l’autel au début de la cérémonie, ont été eux-aussi énergiquement aspergés d’eau bénite.

L’année prochaine, les bikers auront leur temps de prière pendant l’Octave. Nul doute qu’ils auront du succès !