Dans nos premiers articles, nous vous avons parlé de deux fidèles catholiques dont les causes de béatification ne sont pas encore ouvertes. Le cas du roi Baudouin est particulier car c’est le pape François lui-même qui a demandé aux évêques belges de prendre les choses en main. Pour Pedro Ballester, ce sont ses proches qui ont commencé à accumuler des témoignages pour construire un dossier qui sera, si Dieu le veut, transmis à son diocèse.

Aujourd’hui nous vous présentons une femme dont le travail missionnaire a des répercussions dans notre Église du Luxembourg : Carmen Hernandez, co-initiatrice du Chemin Néocatéchuménal avec Kiko Argüello. En juillet dernier, des jeunes du Chemin étaient venus en mission chez nous, à la rencontre des habitants du pays. Quelle est donc la femme qui a initié ce mouvement ?

Née le 24 novembre 1930 en Espagne, Carmen a vécu une vie longue et fructueuse. Par obéissance à son père, alors qu’elle se sent appelée à partir en mission, elle accepte de suivre des études de chimie à l’Université de Madrid et obtient brillamment son diplôme. Elle travaille un temps dans l’usine familiale, puis entre au noviciat des Missionnaires du Christ Jésus et se prépare à partir pour l’Inde, mais un changement à la tête de sa congrégation ne lui permet pas de réaliser ce projet.

Après un séjour de deux ans en Terre Sainte, elle rentre à Madrid où elle entend parler du peintre espagnol Francisco Josè Gomez Argüello (Kiko), qui vit parmi les pauvres, dans un bidonville de la banlieue, lisant la Bible et jouant de la guitare dans sa baraque. En effet, Kiko avait ressenti l'appel de Charles de Foucauld : vivre parmi les pauvres en silence, comme un signe de la présence de Jésus-Christ.

Ayant été le voir pour le convaincre de l'accompagner en Bolivie pour évangéliser, Carmen est restée dans les baraques, ayant senti la présence de Jésus ressuscité dans la communauté formée autour de Kiko. C'est ainsi qu'est née, au milieu des pauvres, la première communauté fondée sur la trilogie : « Parole de Dieu – Liturgie – Communauté ». Petit à petit, l’initiative s'est répandue d’abord à Madrid, puis à Rome, puis un peu partout dans le Monde. Aujourd’hui le travail apostolique commencé dans les bidonvilles est devenu un chemin sur lequel des centaines de milliers de personnes rencontrent Dieu et vivent leur foi. Au Luxembourg, l'aventure a commencé il y a plus de vingt ans !

Carmen Hernández est morte le 19 juillet 2016 à Madrid. Le pape François a indiqué avoir reçu « avec émotion » cette nouvelle, soulignant sa longue existence marquée par son amour pour Jésus et par un grand enthousiasme missionnaire : « Je remercie le Seigneur pour le témoignage de cette femme, animée d’un amour sincère pour l’Église, qui a passé sa vie à annoncer la Bonne Nouvelle dans chaque lieu, jusque dans les plus éloignés, sans oublier les personnes les plus marginalisées ».

La cause de béatification de Carmen, servante du Seigneur, grande amoureuse du Christ, a été ouverte le 4 décembre 2022.